Fadila Boutouchent: à la découverte du français « caché »

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25 septembre 2017
par Francosphère

Pour Fadila Boutouchent, adopter une identité francophone représente sans aucun doute un enrichissement du patrimoine linguistique et culturel.

Titulaire d’un doctorat en sciences de l’éducation en milieu minoritaire, elle enseigne au programme du baccalauréat en éducation en français à l’université de Regina. Elle offre des cours sur les théories et les pratiques de l’enseignement, la didactique des sciences au niveau élémentaire et l’enseignement en milieu francophone minoritaire. Ses recherches s’intéressent surtout aux facteurs sociolinguistiques qui affectent l’apprentissage du français langue maternelle et langue seconde.

Francosphère a questionné différentes personnes engagées afin de connaître leur point de vue au sujet de l’identité francophone.

Que faut-il privilégier pour favoriser la construction identitaire des jeunes?

Les recherches montrent que l’identité linguistique est reliée autant à la quantité qu’à la qualité des expériences vécues en français. Elle touche autant les communautés de langues officielles en situation minoritaire que les jeunes anglophones majoritaires apprenant le français comme langue seconde. Cela dit, j’essaye toujours d’exposer mes étudiants à plus d’expériences en français à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la classe et à faire découvrir le français « caché » dans leur environnement. Quand on vit en milieu anglodominant où l’anglais est omniprésent, y compris entre francophones, on peut oublier que le nom de la ville de Bellevue en Saskatchewan est d’origine francophone tellement on a pris l’habitude de prononcer ce nom en anglais.

Quel avenir pour l’identité francophone?

Développer une identité francophone quand on n’est pas d’origine francophone peut paraître anormal, illégitime, incongrue et susciter le questionnement. C’est comme s’il était interdit d’être à la fois joueur professionnel de hockey et fervent amateur de soccer. Je ne pense pas que le joueur professionnel de hockey qui défend le soccer lors d’un match amateur soit en train de trahir son équipe professionnelle. Adopter une identité francophone indique simplement qu’on enrichit le patrimoine linguistique et culturel. Le joueur professionnel de hockey s’identifie-t-il moins au hockey lorsqu’il joue au soccer? Peut-être. Mais a-t-on déjà vu un joueur de hockey réussir sa carrière dans le hockey sans s’identifier au hockey? L’identité motive et renforce le comportement que l’on adopte.

Comment envisagez-vous votre engagement envers une francophonie épanouie?

Pour moi, l’épanouissement du français ne relève pas des francophones seulement. C’est une question de justice sociale et d’équité. C’est pourquoi j’enseigne et je fais des recherches qui touchent l’apprentissage des membres des deux communautés de langues officielles. J’aime aider les jeunes à mieux comprendre le contexte « bilingue » dans lequel ils vivent et ce que cela veut dire d’apprendre le français en contexte minoritaire. Les recherches montrent que l’appui perçu de son environnement et de son entourage renforce la volonté de communiquer en français langue maternelle ou seconde, et par conséquent, le développement du comportement langagier. Alors, même quand on ne parle pas la langue, l’attitude positive de l’entourage envers le français peut contribuer à son épanouissement.

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