En français, au McDo comme au Costco

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17 avril 2018
par Francosphère

Vivre en milieu minoritaire demande d’être créatif pour permettre aux élèves de s’approprier les ressources francophones disponibles. Dans sa pratique, Michelle Hunter engage ses élèves dans des demandes de produits en français auprès des commerçants. Cette démarche contribue clairement à favoriser leur construction identitaire comme francophone.

La directrice adjointe de l’école Nouvelle frontière, à Grande Prairie en Alberta, déplore l’absence de ressources en français en dehors de l’école. Elle constate qu’il est difficile pour les élèves de développer un sentiment d’appartenance à la communauté francophone quand on y retrouve si peu de services, de livres ou de produits culturels offerts en français. En effet, c’est loin d’être une mince tâche à l’extérieur de l’école!

À la recherche de moyens pour faciliter l’intégration du français dans la vie de ses élèves, Michelle Hunter développe l’idée d’approcher les grands marchands de la ville qui peuvent plus facilement offrir des livres en français. Un effort est demandé aux commerçants : il est évident que répondre à cette demande n’est pas impossible pour eux, compte tenu de leur réseau pancanadien et de leurs moyens.

À la rencontre des gé(r)ants

D’abord, les élèves âgés de 9 à 10 ans ont rédigé une lettre au gérant du restaurant McDonald de la région. Cette lettre avait pour but que les livres inclus dans les Joyeux festins soient en français. Les élèves ont expliqué leur demande et détaillé l’importance pour eux d’obtenir ce service. Des élèves se sont ensuite rendus dans les commerces en autobus, avec les lettres de la classe. Ils ont formulé leurs souhaits au gérant du McDonald de Grande Prairie afin qu’il offre des livres en français.

Mme Hunter a refait l’exercice, cette fois auprès de Costco. La directrice avait pris la peine de faire les premiers contacts, ICI Radio-Canada a de nouveau parlé de l’événement. Mme Hunter et ses élèves prévoient approcher d’autres compagnies. Les gérants ont été très ouverts à la demande et se sont montrés disponibles à faire un effort pour y répondre. Même des médias anglophones y ont fait écho dans leurs pages d’opinion, de quoi engager de belles discussions au sein des familles et dans les classes.

Un engagement payant

Voilà un excellent exemple d’engagement et d’action citoyenne pour les francophones vivant dans un milieu majoritairement anglophone. Il permet d’abord de sensibiliser l’ensemble de la communauté à la présence de francophones dans leur ville. Il démontre à merveille aux élèves que demander des produits en français, c’est un droit.

Enfin, la démarche fait aussi réaliser aux élèves, qui ont de quoi être fiers d’eux, que leur voix peut être entendue. Qu’ils peuvent faire une différence. Ils ont un droit de parole, ils peuvent poser des gestes et faire valoir leur point de vue.

Le résultat dans les commerces n’est certes pas toujours instantané. Par contre, une graine est semée. L’élève accomplit des efforts, revendique ses droits et peut voir ses efforts récompensés. De plus, dans la communauté, cela stimule toute une clientèle francophone bien active dans son milieu.

L’impact de cette démarche chez l’élève peut faire tout une différence dans ses choix futurs et son affirmation comme francophone. Le projet s’est déroulé dans le plaisir, a emballé et inspiré les élèves. Il s’est réalisé dans un esprit de collaboration et non d’affrontement, dans le but de responsabiliser les jeunes.

Vous connaissez vous aussi une pratique réussie? Vous avez un exemple d’approche qui a bien fonctionné? Un projet a eu des retombées positives dans la salle de classe, dans l’école ou dans la communauté? Parlez-nous en.

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